vendredi, février 18, 2005

André Jarlan et La Victoria

André Jarlan était un prêtre aveyronnais qui a été tué en 1984 à La Victoria. Il était arrivé dans ce quartier populaire (poblacion) de Santiago du Chili dix huit mois plus tôt, en 1983.
Son départ au Chili avait été longuement mûri et réfléchi. Les contacts nationaux qu'il avait à la JOC et à l'ACO, son expérience locale de prêtre ouvrier en Aveyron, ses rencontres avec les missionnaires de passage et ses liens avec le Mouvement mondial de travailleurs chrétiens l'ont poussé à choisir le Chili. Le pays était était alors en pleine dictature mais le Chili avait eu une longue tradition démocratique et était doté d'un mouvement ouvrier organisé.
A La Victoria, André s'était très vite mélé aux gens les plus humbles et aux oubliés de la poblacion. Les habitants de La Victoria ont toujours en mémoire le padre Andrés, ce grand 'francès' -réservé (comme le sont aussi les chiliens) et sympathique en même temps -avec besace et casquette- qui ne rentre jamais directement au presbytère mais descend toujours de son vélo pour dire un petit mot aux enfants qui jouent ou rendre visite à la personne seule. Il avait aussi rencontré des drogués de la poblacion dont il était devenu l'ami. Rentré au presbytère le soir, il travaille encore, mais avec ses carnets de notes et de route et avec ses dossiers. Il lit sa Bible.
Pragmatique et cérébral!
A l'image de sa dernière journée: il sert et assiste les blessés alors que la violence se déchaîne dans la rue, et, quelques minutes après, une mort violente vient le faucher, lisant sa Bible à son bureau, près de ses notes.
Le Figaro a présenté André Jarlan en 1984 comme un 'prêtre guerillero', alors que sa vie a démontré qu'il était homme de conviction et de paix.

La Victoria n'est pas un quartier comme les autres à Santiago;cette poblacion s'est faite une solide réputation dans tout le pays. Elle est issue de la première occupation "illégale" de terrain réussie en Amérique latine. Celà s'est passé la nuit du 30 octobre 1957. Excédés par une vie de misère (maisons en bois et en carton, incendies répétés, sans eau ni électricité), des santiagins décident d'occuper un terrain inoccupé pour y construire leurs maisons en dur. Cette nuit rebelle a été suivie d'une longue lutte au quotidien pour que La Vitoria devienne une cité comme une autre.
Pendant les années Pinochet, La Vitoria devient rebelle et manifeste dans de nombreuses protestas. Et c'est le jour d'une protesta qu'André a été tué chez lui et à son bureau. Une balle "perdue" tirée par l'armée de Pinochet...




(
Pouvoirs publics et quartiers illégaux
Pendant la dictature militaire du général Pinochet, les occupations illégales de terrain, qui s'étaient jusque là développées massivement, sont devenues rigoureusement interdites; elles ont en fait cessé d'exister après 1973. Les quartiers d'origine illégale ont fait l'objet d'un programme de régularisation et de résorption massif et systématique. ...
... En effet, malgré le retour à la démocratie en 1990, ce mode d'accès au sol n'est pas réapparu.Les lotissements clandestins, quant à eux, n'existent plus dans la métropole depuis la fin des années 1960. Cette absence est attribuée à l'instauration, en 1968, d'une loi très sévère réprimant ce type de pratiques. Elle est également à mettre en rapport avec l'importante offre de logements sociaux bon marché qui existe et qui rend le recours à ce type d'accès au logement peu intéressant.
) source Catherine Paquette consulter le lien Santiago, métropole en mouvement