mercredi, février 16, 2005

Le drame du 2 septembre 1984

Arrivé au Chili dans les années 70, le père Dubois est très proche des habitants de la Victoria ; ce prêtre originaire de Dijon prend fait et cause pour les habitants de "sa" poblacion dès que le régime Pinochet réprime. Après l'attentat contre Pinochet, il est d'ailleurs expulsé du pays avec deux autres prêtres de La Victoria . Responsable de la paroisse de la poblacion, c’est lui qui a accueilli André Jarlan en 1983 et Dubois était présent le jour du drame.
Actuellement malade et retiré à Santiago, le Père Dubois nous accueille aujourd'hui dans le presbytère où s'est déroulé le drame en 1984 et nous fait le récit de la journée tragique.

L'atmosphère est lourde en ce matin du 4 septembre 1984. Certes, ce n'est pas la première journée de protesta à La Vitoria, mais il y a aujourd'hui, en plus de la peur de ces heures où le sang coule-juste après le plus fort de la manifestation, en fin d'après midi-, un sombre pressentiment qui obsède le Père Dubois. Pressentiment tragique "mais plus pour lui même que pour son entourage". Il demande à André, qui n'a pas encore l'expérience de ces journées violentes de protestas de ne plus s'occuper des blessés mais de rentrer au presbytère.André rentre, monte au premier étage et se retire dans sa chambre. Un militaire ("paco") posté au carrefour voisin tire et une balle traverse la mince cloison de bois du 1er étage puis vient atteindre mortellement André.
André était assis à son bureau et s'effondre sur sa Bible qu'il lisait.
S'enchaînent ensuite les moments pénibles: la découverte du corps d'André, la famille de France à prévenir, la police appellée et qui n'arrive pas et la rue qui s'agite...
Le père Dubois et les hermanitas se relayent toute la nuit jusqu'à ce qu'un juge civil vienne constater et surtout mettre sous scellés la balle qui a tué et qui vient d'être retrouvée. Tout le monde sait que si la balle assassine tombe aux mains des militaires, elle disparaîtra et empêchera toute poursuite judiciaire. Le Père Dubois et les hermanitas apaisent et calment la rue.... il faut éviter les violences et le bain de sang; des petites lumières sont allumées par dizaines dans les rues en formant une voie de lumières dans toute La Victoria.
André aura des obsèques officielles en la cathédrale de Santiago; ce jour là, des milliers de chiliens sont venus l'honorer et l'accompagner un frère tout le long du trajet entre LaVictoria et la cathédrale de la Place d'Armes...


André Jarlan n'est pas le seul padre a être tombé pendant les années noires au Chili.
Un autre cas: Joan Alsina, aumonier, prêtre ouvrier dans un hôpital mitraillé sur un pont et ensuite jeté dans le Mapuche.. consulter le lien "prêtres assassinés au Chili"
A La Victoria: neuf personnes tuées, assassinées ou disparues;leur nom figure sur l'affiche qui représente André (voir album photo La Victoria).
Plus de 3000 personnes assassinées ou disparues dans tout le pays sous la dictature... consulter le lien Desaparecidos Chile

(

Testimonios múltiples y concordantes recibidos, dan cuenta de la desproporción de la acción policial, pues no resultaba en absoluto justificado el uso de armas de fuego frente a los hechos del momento y en un lugar densamente poblado. Los antecedentes expuestos llevan a esta Comisión a formarse la convicción que André JARLAN fue víctima de una violación a sus derechos humanos cometida por agentes del Estado que se excedieron en el uso de la fuerza.
) source memoriaviva consulter le lien Desaparecidos Chile